Annexe A Preuve du théorème de convergence dominée
On va ici tenter une preuve élémentaire du Théorème 1.12
Ce théorème est généralement admis jusqu'à ce qu'on ait fait de la théorie de la mesure, car, comme on va le voir, il s'appuie sur la possibilité de mesurer des sous-ensembles de \(\R\text{.}\)
Discutons donc un peu de ça. Promis, ensuite, on va dominer.
Subsection A.1 Vers la théorie de la mesure: longueur d'un ouvert
Le but de la théorie de la mesure, c'est, comme le nom l'indique, de "mesurer" les sous-ensembles d'un ensemble \(\Omega\) donné.
On a déjà parlé pas mal du cas des ensembles finis, mais là, ce qu'il va nous falloir, c'est une mesure des sous-ensembles de \(\R\text{,}\) ce qui est une autre paire de manche.
Commençons par enfoncer des portes ouvertes.
Définition A.3.
Soit \(I\subset \R\) un intervalle. Alors on définit la longueur de \(I\text{,}\) notée \(\ell(I)\text{,}\) comme suit 4 :
-
Cas 1: Si \(I\) est borné, alors il existe \(a\leq b\) tels que
\begin{equation*} I=[a,b] \text{ ou } I=]a,b] \text{ ou } I=[a,b[ \text{ ou } I=]a,b[ \end{equation*}\(\leadsto\) Dans ce cas on pose \(\ell(I)=b-a\)
-
Cas 1: Si \(I\) n'est borné,
\begin{equation*} I=[a,+\infty[ \text{ ou } I=]-\infty,a] \text{ ou } I=\R \end{equation*}\(\leadsto\) Dans ce cas on pose \(\ell(I)=+\infty\)
De là, on voit facilement ce que devrait être la longueur de, disons, \(]1,2] \bigcup [24,33]\) 5 . Ce qui nous amène à la généralisation suivante:
Définition A.4.
Si \(A=\bigcup_{k=1^n} I_k\) est une union disjointe d'intervalles bornés, on définit la longueur de \(I\text{,}\) notée \(\ell(I)\text{,}\) par
Bon, mais il existe des sous-ensembles de \(\R\) qui ne sont pas des intervalles 6 , ni même des unions finies d'intervalles 7 . Comment les mesure-t-on ?
En fait, il n'existe pas de mesure raisonnable de tous les sous-ensembles de \(\R\text{,}\) ce dont on reparlera en cours de théorie de la mesure.
Mais pour notre problème, on aura simplement besoin de mesurer les sous-ensembles ouverts 9 inclus dans un segment \([a,b]\text{:}\) intéressons-nous à ce cas plus abordable.
On va voir que dans ce cas, on peut se ramener à des intervalles.
Exercice A.4. Les ouverts sont des collections d'intervalles.
(a)
Soit \(U\subset \mathbb R\) un ouvert. Pour \(x\in U\text{,}\) on note
Montrer que pour tout \(x\in U\text{,}\) \(I_x\) est le plus grand intervalle inclus dans \(U\) qui contient \(x\text{.}\)
Pour montrer que \(I_x\) est un intervalle, il s'agit de montrer que, si \(s,t\in I_x\text{,}\) alors \([s,t]\subset I_x\text{.}\)
Soient \(s,t\in I_x\text{,}\) tels que \(s\leq t\text{.}\) Montrons que \([s,t]\subset I_x\text{.}\)
Soit donc \(u\in [s,t]\text{,}\) on veut montrer que \(u\in I_x\text{.}\) On sait que
\(s\in I_x\) donc il existe un intervalle \(I_1 \subset U\) tel que \(s\in I_1\) et \(x\in I_1\text{.}\)
\(t\in I_x\) donc il existe un intervalle \(I_2 \subset U\) tel que \(t\in I_2\) et \(x\in I_2\text{.}\)
Pour montrer que \(u\in I_x\text{,}\) on sépare 3 cas :
Si \(u\leq x\text{,}\) alors \(u\in [s,x]\subset I_1 \subset I_x\text{,}\) donc tout va bien.
Si \(u\gt x\text{,}\) alors \(u\in [x,t]\subset I_2 \subset I_x\text{,}\) donc tout va bien aussi.
Donc \(I_x\) est bien un intervalle.
Reste à montrer les trucs faciles:
\(I_x\) contient \(x\text{,}\) puisque \([x,x]\) est un intervalle inclus dans \(U\) qui contient \(x\text{,}\) donc \([x,x]\subset I_x\text{.}\) Oui.
\(I_x\) est une union de sous-ensembles de \(U\text{,}\) donc \(I_x\subset U\text{.}\)
D'un autre côté, si \(J\subset U\) est un intervalle qui contient \(x\text{,}\) alors par définition de \(I_x\) on a \(J\subset I_x\text{,}\) donc \(I_x\) est le plus grand intervalle inclus dans \(U\) qui contient \(x\text{.}\)
(b)
Montrer que \(int(I_x) \neq \emptyset\text{.}\)
Rappelons que \(int(I_x)\) (l'intérieur de \(I_x\)) est l'ensemble des points de \(I_x\) autour desquels il y a un petit intervalle qui reste inclus dans \(I_x\text{.}\) Plus rigoureusement,
\(\leadsto\) Il s'agit de montrer qu'il existe au moins un point comme ça.
\(x\text{,}\) par exemple.
En se rappelant que \(U\) est ouvert.
Comme \(U\) est ouvert, il existe \(r\lt 0\) tel que \(\,]\,x-r, x+r\,[\,\subset U\text{.}\)
Mais du coup, \(\,]\,x-r, x+r\,[\,\) est un intervalle contenant \(x\) et inclus dans \(U\text{,}\) donc
donc \(x\in int(I_x)\text{.}\)
(c)
En déduire que \(I_x\) contient au moins un rationnel.
On a obtenu à que \(I_x\) contient un intervalle ouvert \(\,]\,a,b\,[\,\text{,}\) avec \(b \gt a\text{.}\)
Or, tous les intervalles ouverts de \(\R\) contiennent un rationnel: vous le savez sûrement déjà, mais remontrons-le, pour le plaisir.
Puisque \(b-a \gt 0\text{,}\) il existe \(n\in \N^*\) tel que \(\dfrac{1}{n} \leq b-a\text{.}\)
Notons \(k=E(an)+1 \in \N\text{,}\) où \(E\) est la partie entière. Alors
Et, comme \(\dfrac1n \lt b-a\text{,}\) on a
Donc \(a\lt \dfrac{k}{n} \lt b\text{:}\) autrement dit,
(d)
Montrer que, pour tout \(x\text{,}\) \(I_x\) est un intervalle ouvert
.On sait déjà que \(I_x\) est un intervalle: reste à montrer qu'il ne contient pas ses bornes.
On a déjà constaté que \(I_x\) est un intervalle. Notons \(a=\sup I_x \in \R \cap \{+\infty\}\text{,}\) \(b=\inf I_x \in \R \cap \{-\infty\}\text{,}\) alors
donc \(I_x\) est ouvert ssi \(a\notin I_x\) et \(b\notin I_x\text{.}\)
Si \(a=+\infty\) ou \(b=-\infty\text{,}\) c'est à peu près clair. Supposons donc que ce sont des réels.
Supposons par l'absurde que \(a\in I_x\text{.}\)
Alors il existe \(I_a\subset U\) un intervalle contenant \(x\) et \(a\text{.}\) De plus, \(a\in U\) et \(U\) est ouvert, donc il existe \(r\gt 0\) tel que \(\lbb a-r,a+r\rbb \subset U\text{.}\)
Mais alors, \(I_a\) et \(\lbb a-r,a+r\rbb\) sont deux intervalles qui s'intersectent en \(a\text{,}\) donc leur union est un intervalle 10 . Inclus dans \(U\text{.}\) Qui contient \(x\text{.}\)
Donc \(I_a \cup \lbb a-r,a+r\rbb \subset I_x\text{:}\) mais du coup, \(\sup I_x \geq a+r \gt a\text{,}\) ce qui contredit \(a=\sup I_x\text{.}\)
\(\leadsto\) Donc \(a \notin I_x\text{.}\) Et on montre, exactement de la même façon, que \(b \notin I_x\text{,}\) donc \(I_x\) est un intervalle ouvert.
(e)
Montrer que, pour tout \(x,y\in U\text{,}\) soit \(I_x = I_y\text{,}\) soit \(I_x \cap I_y = \emptyset\text{.}\)
Soient \(x,y\in U\) tels que \(I_x\cap I_y \neq \emptyset\text{.}\) Montrons que \(I_x=I_y\text{.}\)
Remarquons que, dans ce cas, \(I_x \cup I_y\) est un intervalle: et cet intervalle contient \(x\) et est inclus dans \(U\text{.}\) Donc
et symétriquement, \(I_x \cup I_y\) est un intervalle qui contient \(y\) et est inclus dans \(U\text{.}\) Donc
On a donc bien, par double inclusion, \(I_x = I_y\text{.}\)
(f)
En déduire qu'il existe une suite \((J_n)_{n\in\N}\) ou une famille finie \((J_n)_{n=0}^N\) d'intervalles ouverts non vides disjoints tels que
Remarquons déjà que
De plus, on sait que chaque \(I_x\) contient un rationnel \(q\text{,}\) et donc d'après la question précédente, \(I_x = I_q\text{.}\) Ce qui nous donne
De plus, pour deux rationnels \(q_1 \neq q_2\text{,}\) on a soit \(I_{q_1} = I_{q_2}\) (autrement dit \(I_{q_1}\) apparaît deux fois dans cette union) ou \(I_{q_1}\cap I_{q_2} = \emptyset\text{.}\)
Quitte à "jeter" les intervalles comptés en double, on peut trouver un sous-ensemble \(I\subset U\cap \mathbb Q\) tel que
Or, \(U\cap \mathbb Q\) est fini ou dénombrable, donc \(I\) aussi: on peut donc écrire \(U\cap \mathbb Q=\{q_k, k\in \N\}\) ou \(\{q_1,\ldots,q_N\}\) et alors, en notant \(J_k=I_{q_k}\text{,}\) on trouve bien
avec les \(J_n\) intervalles non vides ouverts disjoints.
En utilisant la décomposition de \(U\) en intervalles disjoints, on va pouvoir définir la "longueur" (ou mesure) d'un ouvert:
Exercice A.5. Définition de la longueur d'un ouvert.
Soit \(V\subset [a,b]\) un ouvert borné. Alors il existe \((I_n)_{n\in\N}\) suite d'intervalles ouverts non vides disjoints tels que
(a)
Montrer que la série de terme général \((\ell(I_n))_n\) converge.
\(\leadsto\) On définit la longueur de \(V\), notée \(\ell(V)\) comme la somme de cette série:
La suite des sommes partielles est croissante et majorée.
Les \(I_k\) sont de la forme \(\lbb a_k, b_k \rbb\) avec \(a_k,b_k \in \R\) puisque pour tout \(n\text{,}\) \(I_k \subset [a,b]\text{.}\)
Soit \(n\in \N\text{,}\) considérons
Quitte à renuméroter, puisque les \(I_k\) sont disjoints, on peut supposer
mais du coup
\(\leadsto\) La suite des sommes partielles \(S_n\) est croissante (puisque les \(\ell (I_k)\) sont positifs) et majorée par \(b-a\text{,}\) donc convergente.
(b)
Mais pas si vite ! Pour parler de la longueur de \(V\text{,}\) il faut vérifier qu'elle ne change pas si on change de décomposition en sous-intervalles.
Montrer que si on prend une autre suite \((J_m)_{m\in\N}\) d'intervalles ouverts disjoints tels que
alors
Remarquer que, pour chaque \(n\in\N\text{,}\) il existe un unique \(m_n\in \N\) tel que \(I_n=J_{m_n}\text{.}\)
La série \(\sum_{m=0}^{+\infty} \ell(J_m)\) serait donc un réarrangement 14 de la série \(\sum_{n=0}^{+\infty} \ell(I_n)\text{...}\)
On a donc
Soit \(n\in\N\text{.}\) Montrons qu'il existe \(m_n\in\N\) tel que \(I_{n} = J_{m_n}\text{.}\)
Soit \(x\in I_n \subset \bigcup_{m\in\N} J_m \text{,}\) alors il existe \(m_n\) tel que \(x \in J_{m_n}=\lbb c_{m_n}, d_{m_n} \rbb\text{.}\)
Mais alors, \(I_n\subset J_{m_n}\text{:}\) en effet, sinon, prenons \(y\in I_n \setminus J_{m_n}\text{.}\) Alors soit \(y\leq c_{m_n}\text{,}\) soit \(y\geq d_{m_n}\text{.}\) Disons qu'on est dans le premier cas 15 . Alors
donc il existe \(m_{n'}\neq m_n\) tel que \(c_{m_n}\in J_{m_{n'}}\text{.}\)
Mais \(J_{m_{n'}}\) est ouvert, donc il existe \(\varepsilon \gt 0\) tel que
Mais là, ça contredit \(J_{m_n} \cap J_{m_{n'}}=\emptyset\) !
Donc forcément, \(I_n \subset J_{m_n}\text{,}\) et \(m_n\) est unique puisque les \(J_m\) sont disjoints.
Et en fait, on doit avoir \(J_{m_n}= I_n\text{:}\) en effet, si ce n'est pas le cas, alors l'inclusion est stricte. Notons \(I_n= \lbb a_n,b_n\rbb\text{,}\) on a donc
Donc \(a_n\in J_{m_n}\subset \bigcup_{n\in\N} I_n\text{,}\) donc il existe \(n'\neq n\) tel que \(a_n\in I_{n'}\text{.}\)
Mais \(I_{n'}\) est un intervalle ouvert...disjoint de \(I_n\text{....}\) on retombe sur le même problème. Contradiction.
On obtient donc que pour tout \(n\in\N\text{,}\) il existe un unique \(m_n\) tel que \(I_n=J_{m_n}\text{.}\) Ce qui nous donne une fonction
qui est en fait une bijection !
\(\varphi\) est injective: Supposons que \(\varphi(n)= \varphi(n')\text{.}\) Alors \(I_n=J_{\varphi(n)}=I_{n'}\text{,}\) donc \(n=n'\) (si \(n\neq n'\text{,}\) alors \(I_n,I_{n'}\) sont disjoints et non vides, donc ne peuvent pas être égaux au même \(J_m\)).
\(\varphi\) est sirjective: Soit \(m\in\N\text{,}\) alors par le même raisonnement que ci-dessus, il existe \(n\in \N\) tel que \(I_n=J_m\) et donc \(\varphi(n)=m\text{.}\)
Donc la série \(\sum_n \ell(I_n) = \sum_n \ell(J_{m_n})\) s'obtient en changeant l'ordre des termes de la série \(\sum_m \ell(J_{m})\text{.}\)
Puisque cette série est à terme général positif, le théorème de réarrangement de Riemann 16 permet d'affirmer que
On va vérifier que cette définition nous donne une notion raisonnable de longueur d'ensemble. En particulier, on s'attend à ce que
Exercice A.6.
Comme ci-dessus, on rédige ici les preuves en écrivant les ouverts comme union de familles dénombrables d'intervalles: le cas où cette famille est en fait finie est plus facile et je vous laisse faire les adaptations nécessaire.
(a)
Montrer que si \(W\subset V\subset [a,b]\) sont deux ouverts bornés, alors \(\boxed{\ell(W) \leq \ell(V)}\text{.}\)
On peut écrire
où \((J_m)_m\text{,}\)\((I_n)_n\) sont deux suites d'intervalles ouverts disjoints non vides.
A partir de là, ça ressemble beaucoup à la preuve du deuxième point de l'[cross-reference to target(s) "\bigcup_{m\in\N}, J_m" missing or not unique]
.
On a vu qu'il existe deux suites d'intervalles ouverts disjoints non vides \((J_m)_m\) et \((I_n)_n\) tels que
Commençons par montrer que, pour chaque \(m\in\N\text{,}\) il existe un unique \(n_m\) tel que \(J_m\subset I_{n_m}\text{.}\)
En effet, si on prend un entier \(m\text{,}\) et un \(x\in J_m\subset W \subset V=\bigcup_{n\in\N} I_n\) 17 , alors il existe \(n_m\) tel que \(x\in I_{n_m}=\lbb a_{n_m},b_{n_m}\rbb\text{.}\)
Mais alors, \(J_m\subset I_{n_m}\text{:}\) en effet, si ce n'était pas le cas, on pourrait prendre \(y\in J_m\setminus I_{n_m}\text{.}\) Alors soit \(y\leq a_{n_m}\text{,}\) soit \(y\geq b_{n_m}\text{.}\) Disons qu'on est dans le deuxième cas 18 . Alors
donc il existe \(n_{m'}\neq n_m\) tel que \(b_{n_}\in I_{n_{m'}}\text{.}\)
Mais \(I_{n_{m'}}\) est ouvert, donc il existe \(\varepsilon \gt 0\) tel que
Mais là, ça contredit \(I_{n_{m}} \cap I_{n_{m'}}=\emptyset\) !
Donc forcément, \(J_m\subset I_{n_m}\text{,}\) et \(n_m\) est unique puisque les \(J_m\) sont disjoints. Du coup,
et donc, pour tout \(M\in \N\)
et ça tombe bien, c'est ce qu'on voulait.
(b)
Montrer que si \(V=V_1\sqcup V_2 \subset [a,b]\) est une union disjointe de deux ouverts bornés, alors \(\ell(V)=\ell(V_1)+\ell(V_2)\text{.}\)
Plus généralement, montrer que si \(V=\bigcup_{k=1}^n V_k\) est une union disjointe d'ouverts bornés, alors \(\ell(V)=\sum_{k=1}^n \ell(V_k)\text{.}\)
On ne change pas une équipe qui gagne: on décompose \(V_1,V_2\) en sous-intervalles:
Là, en procédant exactement comme à la question précédente, on voit que
Pour chaque \(j\in\N\text{,}\) il existe un unique \(n^1_j \in \N\) tel que \(I^1_j= I_{n^1_j}\) 19 .
Pour chaque \(k\in\N\text{,}\) il existe un unique \(n^2_k \in \N\) tel que \(I^2_k= I_{n^2_k}\text{.}\)
Remarquons de plus que \(E_1=\{n^1_j, j \in \N\},E_2=\{n^2_k, k \in \N\}\) forment une partition de \(\N\text{:}\)
\(E_1\cap E_2=\emptyset\text{:}\) comme \(V_1\cap V_2=\emptyset\text{,}\) leurs décompositions en intervalles ouverts non vides ne peuvent pas avoir un intervalle en commun.
\(E_1\cap E_2= \N\text{:}\) Comme \(V=V_1\cup V_2, on montre comme à la question précédente que chaque intervalle est égal, soit à l'un des intervalles soit à un des \)
Du coup: 20
A partir de là, on montre par récurrence que si \(V\) est une union disjointe de \(n\text{,}\)
(c)
Soit \(c\in[a,b]\text{,}\) montrer que \(\ell(V\setminus\{c\})= \ell(V).\)
Et plus généralement, si \(F\) est un ensemble fini, montrer \(\ell( V\setminus F)=\ell(V).\)
Remarquer que, si \(c\in V\text{,}\) alors il existe un unique \(n_c\in\N\) tel que \(c\in I_n.\) A quoi ressemble \(I_{n_c}\setminus \{c\}\) ?
Et si \(c\notin V\text{,}\) est-ce qu'on a vraiment un problème ?
Si \(c\notin V\) alors \(V\setminus\{c\}= V\text{.}\) Ce cas là ne coûte pas cher.
Supposons donc que \(c\in V\) et, pour ne pas changer, écrivons \(V\) comme une union disjointe d'intervalles ouverts:
Alors il existe un unique \(n_c\) tel que \(c\in I_{n_c}= \lbb a_c, b_c \rbb\text{.}\) Et on a
C'est une union de deux intervalles disjoints, donc on peut calculer sa longueur
donc
De là, on montre par récurrence que pour tout ensemble fini \(F\text{,}\)
On sait maintenant mesurer tout ce qu'il faut pour traiter la convergence dominée.
Subsection A.2 Simplifions la question
Soit \((f_n)_n\) une suite de fonctions définies sur un intervalle \(I\text{,}\) sur laquelle ont fait les suppositions suivantes:
\((f_n)_n\) cv simplement vers une fonction \(f\) sur \(I\text{;}\)
Il existe une fonction positive \(g:I\rightarrow\R^+\) telle que \(|f_n(t)|\leq g(t)\) pour tout \(n\) et pour tout \(t\text{;}\)
L'intégrale généralisée \(\int_I g(t)dt\) converge.
Et ce qu'on veut montrer, c'est que
Les intégrales généralisées des fonctions \(f_n\) et \(f\) sur\(I\) convergent
-
On a
\begin{equation*} \lim_{n\rightarrow\infty}\int_I f_n(t)dt = \int_I f(t)dt \end{equation*}
On a déjà commencé à travailler un peu là-dessus à Exercice 1.2.
On va commencer par se ramener à un cas plus simple.
Pour commencer, remarquons que \(I\) peut prendre trois formes:
Soit \(I=[a, p\rbb\) où \(a \in \R, p \in \R \cup\{+\infty\}\)
Soit \(I=\lbb p, b]\) où \(b\in\R, p \in \R \cup\{-\infty\}\)
Soit \(I= \lbb p, q\rbb\) où \(p \in \R \cup\{-\infty\}, q \in \R \cup\{+\infty\}\text{.}\)
Remarquons que, dans ce dernier cas, pour étudier une intégrale généralisée sur \(I\text{,}\) on sépare \(I\) en deux: on est donc ramenés aux cas précédents.
Il suffit donc de traiter les deux premiers, et ils sont très similaires, donc on va s'occuper du premier: on suppose à partir d'ici que
Exercice A.7. Simplification du problème.
(a)
Justifier que les intégrales généralisées \(\displaystyle\int_a^p f_n(t)dt\) et \(\displaystyle\int_a^p f(t)dt\) convergent.
Soit \(n\in \N\text{.}\) On sait que, pour tout \(t\ in I\text{,}\) \(|f_n(t)|\leq g(t)\text{.}\) Or, l'intégrale de \(g\) sur \(I\) converge, donc par le critère de comparaison, l'intégrale généralisée \(\displaystyle\int_a^p |f_n(t)|dt\) converge aussi.
Donc, pour tout \(n\in\N\text{,}\) \(\displaystyle\int_a^p f_n(t)dt\) converge absolument, donc converge.
De plus, en fixant \(t\in I\) quelconque et en passant à la limite \(n\rightarrow\infty\) dans l'inégalité
on trouve que, pour tout \(t\in I\text{,}\) \(|f(t)| \leq g(t)\text{.}\)
A nouveau, par comparaison, on en déduit que \(\displaystyle\int_a^p f(t)dt\) converge absolument, donc converge.
(b)
En s'inspirant de ce qu'on a fait dans Exercice 1.2, montrer qu'on peut en fait supposer que \(I=[a,b]\) est un segment.
Dans Exercice 1.2, on avait obtenu que, pour tout \(\varepsilon \gt 0\text{,}\) on pouvait trouver des bornes \(a,b\) telles que les fonctions\(f_n, f\) sont définies et Riemann-intégrables sur \([a,b]\) et
On veut montrer que, pour tout \(\varepsilon \lt 0\text{,}\) il existe un rang \(n_0\) tel que pour tout \(n\geq n_0\text{,}\)
Fixons donc un \(\varepsilon \gt 0\text{;}\) à partir de maintenant, on cherche \(n_0\text{.}\)
Or l'intégrale généralisée de \(g\) sur \(I\) converge, donc, par définition:
Dégainons le \(\varepsilon\) qu'on a fixé:
-
Si \(p\in\R\text{,}\) il doit donc exister \(\eta \gt 0\) tel que, si \(|b-p|\lt \eta\text{,}\)
\begin{equation*} \int_b^p g(t) dt = \left|\int_a^p g(t) dt - \int_a^b g(t) dt\right| \lt \frac{\varepsilon}3 \end{equation*} -
Si \(p=+\infty\text{,}\) il doit donc exister \(M \gt 0\) tel que, si \(b\geq M\text{,}\)
\begin{equation*} \int_b^p g(t) dt = \left|\int_a^p g(t) dt - \int_a^b g(t) dt\right| \lt \frac{\varepsilon}3 \end{equation*}
Dans tous les cas, on peut choisir un \(b\in [a,p\rbb\) tel que
On en déduit que, pour tout \(n\in \N\text{,}\)
\(\leadsto\) Ce qu'il nous faut, donc, c'est un rang \(n_0\) tel que, pour tout \(n\geq n_0\text{,}\)
ce qui est le même problème qu'avant, à 3 vaches près, mais cette fois sur un segment \([a,b]\text{.}\)
(c)
Trouver une suite de fonctions \((h_n)_n\) positives, Riemann-intégrables sur \([a,b]\text{,}\) et qui converge simplement vers la fonction nulle, telles que notre problème revient à montrer que
Poser, pour tout \(n\in\N\text{,}\) \(h_n(t)=|f_n(t)-f(t)|\) et vérifier que ça fait le café.
On veut donc montrer que
Or, pour tout \(n\in\N\text{,}\)
donc il suffit en fait de montrer que
\(\leadsto\) Posons donc, pour tout \(n\in\N\) et pour tout \(t\in I\text{,}\)
Alors \((h_n)_n\) est une suite de fonctions positives sur \(I\text{,}\) qui converge simplement vers la fonction nulle, et on veut montrer que
(d)
Montrer qu'il existe \(C \gt 0\) telle que, pour tout \(n\in\N\text{,}\) pour tout \(t\in[a,b]\)
On a posé \(h_n=|f_n-f|\) et on sait que, pour tout \(t\in[a,b]\) et pour tout \(n\in\N\text{,}\)
Or, l'intégrale généralisée de \(g\) sur \(I\) converge; donc en particulier \(g\) est localement Riemann-intégrable sur \(I\text{.}\)
\(\leadsto\ g\) est donc Riemann intégrable, donc bornée, sur le segment \([a,b]\subset I\text{:}\) il existe donc une constante \(C\gt 0\) telle que, pour tout \(t\in [a,b]\)
Donc, pour résumer, le problème à résoudre est maintenant le suivant:
Soit \((h_n)_n\) une suite de fonctions définies sur un segment \([a,b]\) telles que
Pour tout \(n\in\N\text{,}\) \(h_n\) est Riemann-intégrable sur \([a,b]\text{;}\)
Il existe une constante \(C\gt 0\) telle que, pour tout \(n\in\N\) et pour tout \(t\in[a,b]\text{,}\)\(0\leq h_n(t)\leq C\text{.}\)
La suite \((h_n)_n\) converge simplement vers la fonction nulle sur \([a,b]\text{.}\)
On doit montrer que
Subsection A.3 Preuve: Foire aux indices
Exercice Exercice
On va procéder par l'absurde: on suppose donc qu'il existe \(\varepsilon \gt 0\) tel que
On va chercher une contradiction, et plus précisément, on va trouver un point \(x\in [a,b]\) tel que \(h_n(x)\nrightarrow 0\text{,}\) ce qui contredit nos hypothèses.
1.
Montrer qu'il existe une sous-suite \((h_{\psi(n)})_n\) de \((h_n)_n\) telle que, pour tout \(n\in\N\text{,}\)
\(\leadsto\) Montrer qu'il suffit de trouver \(x\in[a,b]\) tel que \(h_{\psi(n)}(x)\nrightarrow 0\text{.}\)
Le plus simple, c'est d'utiliser l'équation (A.1) pour définir \(\psi:\N \rightarrow \N\) strictement croissante, par récurrence:
-
On commence par choisir un \(\psi(0)\in \N\) tel que
\begin{equation*} \int_a^b h_{\psi(0)}(t)dt \geq \varepsilon \end{equation*} -
Puis on va trouver \(\psi(1)\gt \psi(0)\) tel que
\begin{equation*} \int_a^b h_{\psi(1)}(t)dt \geq \varepsilon \end{equation*} -
....Bon, on ne va pas tous les faire: c'est là que la récurrence intervient. On va supposer qu'on a déjà trouvé \(\psi(0)\lt \psi(1)\lt...\lt \psi(n)\) tels que, pour tout \(k=0,...,n\text{,}\)
\begin{equation*} \int_a^b h_{\psi(k)}(t)dt \geq \varepsilon \end{equation*}et on montre comment trouver un entier \(\psi(n+1) \gt \psi(n)\) tel que
\begin{equation*} \int_a^b h_{\psi(n+1)}(t)dt \geq \varepsilon \end{equation*}
Y a plus qu'à !
On construit \(\psi(n)\) pour \(n\in_\N\text{,}\) par récurrence:
-
\(\boxed{n=0}\) On utilise l'équation (A.1) avec \(N=0\text{:}\) ça nous donne un entier \(n_0\geq N\) tel que
\begin{equation*} \int_a^b h_{n_0}(t)dt \geq \varepsilon \end{equation*}\(\leadsto\) On pose \(\psi(0)=n_0\text{.}\)
-
\(\boxed{n\leadsto n+1}\) Supposons qu'on a construit
\begin{equation*} \psi(0)\lt \psi(1)\lt...\lt \psi(n) \end{equation*}tels que, pour tout \(j=0,...,n\text{,}\)
\begin{equation*} \int_a^b h_{\psi(j)}(t)dt \geq \varepsilon \end{equation*}et construisons \(\psi(n+1)\text{.}\) Pour cela, on utilise (A.1) avec \(N=\psi(n)+1\text{:}\) ça donne un entier \(k\geq \psi(n)+1\) tel que
\begin{equation*} \int_a^b h_{k}(t)dt \geq \varepsilon \end{equation*}\(\leadsto\) On pose \(\psi(n+1) = k\text{:}\) dans ce cas on a bien \(\psi(n+1) \geq \psi(n)+1 \gt \psi(n)\text{,}\) et
\begin{equation*} \int_a^b h_{\psi(n+1)}(t)dt \geq \varepsilon \end{equation*}
On obtient ainsi une sous-suite \((h_{\psi(n)})_n\) de \((h_n)\) avec les propriétés requises.
Si on arrive à trouver \(x\in [a,b]\) tel que \(h_{\psi(n)}(x)\nrightarrow 0\text{,}\) alors on aura:
Mais alors, pour tout \(K\in \N\text{,}\) il existe \(j=\psi(k) \geq K\) tel que \(h_{j} \geq \varepsilon'\text{,}\) autrement dit, \(h_n(x)\nrightarrow 0\text{:}\) et comme on a dit, à ce moment-là, on aura gagné.
2.
Fixons pour le moment un \(n\in \N\text{.}\) Montrer qu' il existe une fonction en escaliers \(e_n\) telle que
Pour tout \(t\in[a,b]\text{,}\) \(0\leq e_n(t) \leq h_{\psi(n)}(t)\)
\(\displaystyle \displaystyle \int_a^b e_n(t)dt \geq \frac{\varepsilon}2\)
On sait que \(h_{\psi(n)}\) est Riemann-intégrable sur \([a,b]\text{.}\)
C'est un bon moment pour se rappeler ce que ça signifie:
Définition A.5.
Soit \(f: [a,b] \rightarrow \R\) une fonction bornée. On dit que \(f\) est Riemann-intégrable sur \([a,b]\) si, pour tout \(\varepsilon\gt 0\text{,}\) il existe deux fonctions en escaliers \(e^+\) et \(e^-\) telles que
Pour tout \(x\in [a,b]\text{,}\) \(e^-(x)\leq f(x) \leq e^+(x)\text{;}\)
\(\displaystyle \left|\int_a^b e^+(t) dt - \int_a^b e^-(t) dt\right|\lt \varepsilon\)
Ca a l'air prometteur, cette fonction \(e^-\text{....}\)
Puisque \(h_{\psi(n)}\) est Riemann-intégrable sur le segment \([a,b]\text{,}\) il existe deux fonctions en escaliers \(e_n^+\) et \(e_n^-\) telles que, pour tout \(x\in[a,b],\ e_n^-(x)\leq h_{\psi(n)}\leq e_n^+(x)\) et
Posons \(e_n = \max(e_n^-,0)\text{.}\) Alors on a bien, pour tout \(t\in[a,b]\text{,}\)
et d'autre part, puisque \(e_n^+(t)\geq h_{\psi(n)}(t)\geq e_n(t)\geq e_n^-(t)\text{,}\) on a
Donc
3.
Soit \(\sigma=(a=x_0 \lt x_2 \lt ... \lt x_N=b)\) une subdivision adaptée à la fonction \(e_n\text{,}\) dans le sens où \(e_n\) est constante sur les intervalles \(I_j=\ ]x_j,x_{j+1}[\ \text{.}\)
On note
Justifier que pour tout \(j\notin J_n\text{,}\) on a
En déduire que
Soit \(j \notin J_n\text{.}\) Alors sur l'intervalle \(I_j= \lbb x_j,x_{j+1} \rbb\text{,}\) \(e_n\) est constante: il existe \(c_j \geq 0\) telle que, pour tout \(t \in I_j\text{,}\) \(e_n(t)=c_j\text{.}\) Du coup,
De plus, puisque \(j \notin J_n\text{,}\) il doit exister \(t_0\in I_j\) tel que \(e_n(t_0) \lt \frac{\varepsilon}{4(b-a)}\text{.}\) Mais du coup, \(c_j \lt \frac{\varepsilon}{4(b-a)}\text{.}\) Donc:
Mais du coup, si on somme toutes ces intégrales pour \(j\notin J_n\text{,}\)
comme on espérait.
4.
On note \(\displaystyle U_n= \bigcup_{j\in J_n}I_j\text{.}\) Justifier que c'est un ouvert inclus dans \([a,b]\text{,}\) tel que
Exprimer \(\ell(U_n)\) en fonction des longueurs des \(I_j,j\in J_n\text{.}\)
Ensuite, en séparant l'intégrale de \(e_n\) suivant la subdivision \(\sigma\text{,}\) montrer que
Que sait-on d'autre sur \(\int_a^b e_n(t)dt\) ?
Considérons l'ensemble \(\displaystyle U_n= \bigcup_{j\in J_n}I_j\text{.}\) C'est une union finie d'intervalles ouverts tous inclus dans \([a,b]\text{,}\) donc c'est un ouvert de \([a,b]\text{.}\)
De plus, tous les \(I_j\) sont disjoints, donc, d'après la Définition A.4, on a:
Or, on peut calculer:
Or, pour tout \(j\in J_n\text{,}\) pour tout \(t\in I_j\text{,}\) \(e_n(t) \leq h_n(t) \leq C\text{.}\) Et d'autre part, on a déjà majoré la deuxième somme. Donc
Mais d'un autre côté, on sait que \(\displaystyle \int_a^b e_n(t)dt \gt \frac{\varepsilon}2\text{,}\) donc au total
ce qui nous donne tout pile
5.

OK, faisons un bilan. On a trouvé une suite d'ouverts \((U_n)_n\) tel que
Pour tout \(n\in\N\text{,}\) \(x\in U_n\text{,}\) \(\displaystyle e_n(x)\geq \frac{\varepsilon}{4(b-a)}\text{;}\)
Pour tout \(n\in\N\text{,}\) \(\displaystyle\ell(U_n) \geq \frac{\varepsilon}{4C}\text{.}\)
Justifier qu'on aura gagné si on arrivé à montrer que
Remarquer que
est en fait l'ensemble des \(x\in [a,b]\) qui appartiennent à une infinité de \(U_n\text{.}\)
S'il existe un tel \(x\text{,}\) est-ce que \(e_n(x)\) tend vers 0 ?
Et \(h_n(x)\) ?
Rappelons ce qu'on cherche: on cherche \(x\in [a,b]\) tel que \(h_{\psi(n)}(x)\nrightarrow 0\text{,}\) ce qui contredira notre hypothèse selon laquelle \((h_n)_n\) converge simplement vers la fonction nulle.
Puisque, pour tout \(x\in[a,b]\) et pour tout \(n\in\N\text{,}\) on a \(0\leq e_n(x)\leq h_{\psi(n)}(x)\text{,}\) il suffit en fait de trouver un \(x\in[a,b]\) tel que \(e_n(x)\nrightarrow 0\text{.}\)
Montrons maintenant que si \(x\in \bigcap_{n\in\N}\left(\bigcup_{m\geq n} U_m\right)\) alors \(e_n(x) \nrightarrow 0\text{.}\)
Or, \(x\in bigcap_{n\in\N}\left(\bigcup_{m\geq n} U_m\right)\text{,}\) on a
ce qui, par définition de \(U_m\text{,}\) implique
Ce qui est (plus ou moins) la définition en quantificateurs de \(e_n(x)\nrightarrow 0\text{.}\)
6.
Ok, maintenant qu'on sait ce qu'on recherche, c'est reparti. On note
Justifier que, pour tout \(n\in\N\text{,}\) \(V_n\) est un ouvert et
Pour chaque \(n\in\N\text{,}\) \(V_n\) est une union d'ouverts, donc c'est un ouvert 26 .
De plus, \(U_n\subset V_n\) donc, d'après la première propriété qu'on a montrée à l'Exercice A.6,
7.
Intéressons-nous d'abord à \(V_1\text{.}\) Justifier qu'on peut décomposer \(V_1\) en
où \(W\) est un ouvert tel que \(\ell(W) \leq \frac{\varepsilon}{16 C}\text{.}\)
Utiliser la décomposition des ouverts en une union disjointe d'intervalles ouverts \(J_k\text{,}\) et utiliser la convergence de la série \(\ell(I_k)\text{.}\)
On a vu à l'Exercice A.4 que, puisque \(V_1\) est un ouvert, il existe une famille \((J_k = \lbb y_k,z_k\rbb)\) d'intervalles ouverts disjoints, finie ou dénombrable, telle que
\(\leadsto\) Si la famille \((J_k)\) est finie, nous aussi, on a fini: on pose \(W=\emptyset\text{:}\) alors \(W\) est un ouvert qui vérifie \(\ell(W)=0 \leq \frac{\varepsilon}{16C}\text{.}\)
\(\leadsto\) Si la famille \((J_k)\) est infinie dénombrable, remarquons que, puisque \(V_1\subset [a,b]\) est un ouvert borné, sa longueur est un nombre fini, qui par définition est la limite de la série des longueurs des \(J_k\text{:}\)
Autrement dit
Mais du coup, il doit exister un \(K\in\N\) tel que
Posons \(W= \bigcup_{k\geq K+1} J_k\text{:}\) c'est un ouvert qui vérifie
et on a bien
8.
Bidouillons un peu cette décomposition.

Montrer que pour chaque \(k=1,...,K\text{,}\) on peut trouver \(y'_k,z'_k\) tels que
où \(\tilde W\) est un ouvert tel que \(\ell(\tilde W) \leq \dfrac{\varepsilon}{8 C}\) et \(F\) est un ensemble fini.
Dans la suite, on notera \(T=\bigcup_{k=1}^K\ \lbb y'_k,z'_k \rbb\ \text{.}\)
Choisir les \(y'_k,z'_k\) de façon à ce que
Montrer qu'avec de tels \(y'_k,z'_k\text{,}\) les ensembles
font le café.
Posons
et prenons
\(\tilde W\) est ouvert, et on a alors
De plus, pour chaque \(k=1,...,K\)
Donc
9.
On a donc
Justifier que, pour tout \(n\geq 2\text{,}\)
et
Rappelons qu'on a parlé à l'Exercice A.6 de la longueur des ensembles finis, comme \(F\text{.}\)
Et des ensembles ouverts inclus dans d'autres.
Ainsi que de la longueur des unions disjointes.
Avec tout ça, on devrait y arriver !
On a remarqué que la suite d'ouverts \((V_n)_n\) est décroissante:
En particulier, pour tout \(n\geq 2\text{,}\) \(V_n\subset V_1\text{.}\) Donc
Remarquons d'abord que, puisque \(F\) est fini, \(V_n \cap F\) aussi est fini, donc d'après la question (c) de l'Exercice A.6,
Ensuite, puisque \((V_n\cap T)\) et \(( V_n\cap \tilde W)\) sont des ouverts disjoints, on a, d'après la question (b) de l'Exercice A.6,
Enfin, \(V_n\cap \tilde W\) est un ouvert inclus dans \(\tilde W\text{,}\) donc d'après la question (a) de l'Exercice A.6,
donc
D'un autre côté, on a \(T=\bigcup_{k=1}^K\ \lbb y'_k,z'_k \rbb\text{,}\) où les intervalles \(\lbb y'_k,z'_k \rbb\) sont disjoints. Mais du coup, les ensembles \(V_n\cap \lbb y'_k,z'_k \rbb \text{,}\) pour \(k=1,....,K\) sont des ouverts disjoints; donc:
comme prévu.
10.
En déduire que \(\ell(V_n \cap T) \geq \dfrac{\varepsilon}{8C}.\)
On a vu à la question 5. que \(\ell(V_n)\geq \displaystyle\frac{\varepsilon}{4C}\text{.}\) Donc:
ce qui donne
comme prévu.
11.
On note \(u_n^{(k)}= \ell(V_n \cap\ \lbb y'_k,z'_k\rbb \ )\text{.}\) Ainsi, pour chaque \(k_0\in\{1,...,K\}\) fixé, on a une suite de réels positifs \((u_n^{(k_0)})_n\text{.}\)
Justifier que pour chaque \(k\text{,}\) \((u_n^{(k)})_n\) est une suite convergente.
Rappelons que pour tout \(n\in\N\text{,}\) \(V_{n+1} \subset V_n\text{.}\) Que peut on en déduire sur la suite \((u_n^{(k)})_n\) ?
Soit \(n\geq 2\) un entier. Alors, comme la suite \((V_n)_n\) est décroissante, on a
donc, pour tout \(k=1,...,K\text{,}\)
et du coup, par la question (a) de l'Exercice A.6,
Autrement dit, si on fixe un \(k\in\{1,...,K\}\text{,}\) on a, pour tout \(n\geq 2\text{,}\)
Donc la suite \((u_{n}^{(k)})_{n\geq 2}\) est décroissante et minorée, donc convergente.
12.
On note \(u^{(k)}\) la limite de \((u_n^{(k)})_n\text{.}\) Montrer que
En déduire qu'il existe un \(k_0\in\{1,\ldots, K\}\) tel que \(u^{(k_0)}\gt 0\text{.}\)
On a vu que
donc, en prenant la limite quand \(n\rightarrow \infty\) de chacune des suites \((u_n^{(1)})_n,....,(u_n^{(K)})_n\text{,}\) on trouve
De plus, pour chaque \(k=1,...,K\text{,}\) on a
Mais, si on avait, pour tout \(k=1,...,K\text{,}\) \(u^{(k)}=0\text{,}\) alors
ce qui est une contradiction: il doit donc y avoir (au moins) un \(k_0\in \{1,...,K\}\) tel que \(u^{(k_0)} \gt 0\text{.}\)
13.
OK, bilan à nouveau. On a trouvé:
\(y'_{k_0} \lt z'_{k_0}\) tels que \([y'_{k_0}, z'_{k_0}] \subset V_1\)
\(u^{(k_0)}\gt 0\) tel que, pour tout \(n\geq 2\text{,}\) \(\ell (V_n\cap\, ]\,y'_{k_0}, z'_{k_0}\, [\,) \geq u^{(k_0)}\text{.}\)
Renotons tout ça: on note \(a_1= y'_{k_0}\text{,}\) \(b_1= z'_{k_0}\) et \(\eta_1=u^{(k_0)}\text{.}\) Du coup on a
Ne vous fâchez pas, mais....

...C'était la première étape d'une récurrence.
Montrer, donc, que pour tout \(n\text{,}\) qu'on peut trouver
et
tels que, pour tout \(n\in\N\text{,}\)
\(\displaystyle [a_n,b_n]\subset V_n\)
Pour tout \(m\gt n\text{,}\) \(\ell( V_m \cap \,]\,a_n,b_n\,[\,) \geq \eta_n \gt 0\)
On va procéder par récurrence: on a déjà obtenu ce résultat pour \(n=1\)
Supposons donc qu'il est vrai pour un entier \(n\) et cherchons \(a_{n+1},b_{n+1},\eta_{n+1}\text{.}\)
Pour ça,refaire 28 le raisonnement qu'on vient de faire avec \([a_n,b_n]\) à la place de \([a,b]\) et \(V_{n+1} \cap \lbb a_n,b_n \rbb\) à la place de \(V_1\text{.}\)
On procède par récurrence: on a déjà obtenu le résultat pour \(n=1\text{.}\)
\(\boxed{n\leadsto n+1}\) Supposons qu'on a trouvé
et
tels que, pour chaque \(k=1,...,n\)
(HDR 1): \(a_1 \lt a_2 \lt....\lt a_n \lt b_n \lt...\lt b_1\)
(HDR 2): \([a_k,b_k]\subset V_k\)
(HDR 3): Pour tout \(m\gt k\text{,}\) \(\ell( V_m \cap \,]\,a_k,b_k\,[\,) \geq \eta_k \gt 0\)
et cherchons \(a_{n+1},b_{n+1},\eta_{n+1}\) tels que
\(\displaystyle a_n\lt a_{n+1} \lt b_{n+1} \lt b_n\)
\(\displaystyle [a_{n+1},b_{n+1}]\subset V_{n+1}\)
Pour tout \(m\gt n+1\text{,}\) \(\ell( V_m \cap \lbb a_{n+1},b_{n+1}\rbb) \geq \eta_{n+1} \gt 0\)
Reprenons le raisonnement qu'on a fait à partir de la question 7., en utilisant l'ouvert
dans le rôle de \(V_1\text{.}\) On a alors, par notre hypothèse de réccurence (HDR 3)
\(\leadsto\) \(\eta_n\) va jouer le même rôle que \(\frac{\varepsilon}{4C}\text{.}\)
Reprenons ce qu'on a fait en 7.. Puisque \(X_{n+1}\) est un ouvert borné, on peut le décomposer en union disjointe d'intervalles
tels que la série \(\sum \ell(\lbb y^{(n+1)}_k,z^{(n+1)}_k \rbb)\) converge, donc on peut trouver \(K_{n+1} \in \N\) tel que
On pose alors
\(\leadsto\) \(W^{(n+1)}\) est un ouvert tel que \(\ell(W^{(n+1)}) \lt \frac{\eta_n}4\text{,}\) et on a
On bidouille cette décomposition, exactement comme en 8.: en posant, pour chaque \(k=1,...,K_{n+1}\)
et en ajoutant ce qui dépasse à \(W^{(n+1)}\text{,}\) on trouve une nouvelle décomposition
où \(\tilde W^{(n+1)}\) est un ouvert de longueur \(\leq\dfrac{\eta_n}{2}\) et \(F^{(n+1)}\) est un ensemble fini.
De là, on calcule comme en 9. et 10. que, pour tout \(m\gt n+1\text{,}\)
On note \(v^{(k,n+1)}_m=\ell(V_m \cap \lbb \tilde y^{(n+1)}_k,\tilde z^{(n+1)}_k \rbb)\) : ça nous donne \(K_n\) suites \((v^{(k,n+1)}_m)_{m\geq n+1}\) décroissantes, minorées par 0, donc convergentes.
Et l'une d'elle doit avoir une limite non nulle: il y a un \(k_0\) 29 telle que, pour tout \(m\gt n+1\text{,}\)
On pose alors
et on a gagné: on a bien
donc \(a_{n+1}\gt a_n\text{.}\) On obtient de même que \(b_n\lt b_{n+1}\text{.}\)
D'autre part,
et enfin, pour tout \(m\gt n+1\)
Ouf.
14.
Justifier que la suite \((a_n)_n\) ainsi obtenue converge.
\(\leadsto\) Notons \(x = \lim a_n\text{.}\) Justifier que \(x\in \bigcap_{n\in\N} V_n\text{.}\)
La suite \((a_n)_n\) qu'on a construite est croissante et majorée par \(b_1\text{,}\) donc elle converge. Notons \(x\) sa limite.
Soit \(n_0\in\N\text{,}\) montrons que \(x\in V_{n_0}\text{.}\)
D'une part, puisque \((a_n)_n\) est décroissante, on a \(x= \inf_{n\in\N}a_n\text{,}\) donc en particulier, \(x\leq a_{n_0}\text{.}\)
D'autre part, pour tout \(n\gt n_0\text{,}\) on a \(a_n\lt b_{n_0}\text{,}\) donc, en passant à la limite \(n\rightarrow \infty\text{,}\) on obtient que \(x\leq b_{n_0}\text{.}\)
On a donc \(x\in[a_{n_0},b_{n_0}]\subset V_{n_0}\text{.}\)
On a donc bien, pour tout \(n\in\N\text{,}\) \(x\in V_n\text{,}\) donc \(x\in\bigcap_n V_n\text{.}\)
15.
Conclure triomphalement.
On a donc montré que \(\bigcap_n V_n \neq \emptyset\text{,}\) ce qui, d'après le raisonnement fait à la fin de la question 5., nous permet de conclure.

fr.wikipedia.org/wiki/Ensemble_de_Cantor
\(V\subset \R\) est ouvert si, pour tout \(x\in V,\) il existe \(r \gt 0\) tel que \(]x-r, x+r[\subset V\)
www.techno-science.net/definition/6076.html
carolinevernier.website/conv_commutative/conv_commutative.html
carolinevernier.website/conv_commutative/section-4.html#thm_rearr1
carolinevernier.website/pretext_series_divergentes/intro.html#somme_entiers_numberphile